Le radon est un gaz invisible, incolore et inodore qui est présent à l’état naturel dans la croûte terrestre. Dans l’air extérieur, il est dilué, donc nous ne sommes exposés qu’à de très petites quantités de radon lorsque nous sommes dehors. Toutefois, durant les mois d’hiver où il fait froid et où nous avons tendance à demeurer à l’intérieur, le radon qui s’infiltre dans les fondations de nos maisons peut s’y accumuler.
Le radon est un carcinogène, ce qui signifie que, selon les données probantes tirées d’études sur des animaux et des humains, il peut causer le cancer. Par le passé, la majeure partie de ce qui était connu sur le radon et le cancer provenait d’études menées auprès de mineurs, qui sont exposés à de plus grandes quantités de radon parce qu’ils passent beaucoup de temps sous terre. Les chercheurs avaient remarqué que l’on comptait davantage de cas de cancer du poumon chez les mineurs qu’au sein de la population générale. L’étude sur le fardeau des cancers professionnels au Canada traite plus en profondeur du lien entre l’exposition professionnelle au radon et le risque de cancer. Dans l’étude ComPARe, nous nous sommes intéressés au radon présent dans les maisons des Canadiens (appelé radon en milieu résidentiel).
Tous les foyers ne sont pas exposés aux mêmes concentrations de radon. En raison de différences dans la croûte terrestre et dans la répartition des dépôts de radon dans les zones résidentielles, la concentration de radon est plus élevée dans certaines régions que d’autres. Le type, l’âge et les caractéristiques structurales d’une habitation influent aussi sur sa concentration de radon (par exemple, celle-ci est généralement plus élevée dans les sous-sols et les rez-de-chaussée que dans les étages supérieurs).
Plusieurs études ont révélé qu’il y avait un lien entre les faibles concentrations de radon en milieu résidentiel et le cancer du poumon au sein de la population générale. Notre équipe de recherche s’est servie des données de ces études pour se pencher sur le radon en milieu résidentiel et le cancer du poumon au Canada. Nous avons déterminé que le risque de cancer du poumon augmentait même en présence d’une faible concentration de radon et qu’il n’existait donc pas d’exposition associée à un risque nul. Nous avons également mis l’accent sur l’importance de comprendre la variation de l’exposition au radon selon les saisons, car les froids hivers canadiens peuvent mener à une exposition accrue.
En associant des renseignements sur le radon en milieu résidentiel et le cancer avec les résultats d’une enquête canadienne sur la répartition du radon au pays, nous avons estimé qu’en 2015, environ 1700 cas de cancer du poumon étaient dus au radon en milieu résidentiel au Canada (soit 7 % de tous les cas de cancer du poumon).
Les lignes directrices canadiennes actuelles recommandent que la concentration de radon en milieu résidentiel ne dépasse pas 200 Bq/m3, mais cette valeur est le double de celle recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé (100 Bq/m3). Notre recherche nous a permis de savoir que 12 % des Canadiens sont exposés à une concentration de radon dépassant celle des lignes directrices de l’Organisation mondiale de la Santé. Nous avons aussi découvert que, si l’on réduisait la concentration de radon à un niveau acceptable dans ces foyers, on pourrait prévenir 3600 cas de cancer du poumon d’ici 2042.
Le radon en milieu résidentiel est un important facteur de risque modifiable du cancer du poumon. Des dizaines d’années peuvent s’écouler avant que le radon en milieu résidentiel mène au cancer du poumon. La première étape de la réduction du risque est de savoir qu’on y est exposé, ce qu’on peut faire en mesurant la concentration de radon dans sa maison. En novembre, profitez du Mois de la sensibilisation au radon de l’initiative Occupe-toi du radon pour le faire! Vous pouvez acheter une trousse d’analyse du radon à domicile facile à utiliser en ligne ou dans une quincaillerie. Une fois les mesures prises, l’appareil est analysé en laboratoire et on vous communique ensuite les résultats. En fonction de ceux-ci, vous pouvez commencer à réduire votre exposition au radon (une mesure appelée atténuation du radon) en scellant les fondations de votre maison ou en installant des ventilateurs particuliers qui filtrent le radon et l’évacuent vers l’extérieur.
Apprenez-en davantage sur le radon et votre maison sur le site de Santé Canada.
Priyanka Gogna, M. Sc.
Candidate au doctorat en épidémiologie de l’Université Queen’s
Équipe travaillant sur l’environnement de l’étude ComPARe