La pollution atmosphérique constitue l’une des principales causes de morbidité et de mortalité dans le monde. Nous pouvons constater ses effets à court terme, comme les crises d’asthme et l’essoufflement, mais la pollution de l’air peut avoir des conséquences à long terme encore plus grandes sur la santé.
Mon rôle au sein de l’étude ComPARe était d’estimer le pourcentage des cas de cancer du poumon survenant chaque année au Canada à cause de la pollution de l’air extérieur. Ce n’était pas une tâche facile, car les expositions à la pollution atmosphérique doivent s’accumuler pendant plusieurs dizaines d’années avant de provoquer un cancer. Dans le cadre de nos travaux, nous nous sommes fondés sur des modèles d’exposition à la pollution de l’air évaluant la distribution des particules fines (PM2,5) dans l’ensemble du Canada. PM2,5 est l’un des indicateurs de pollution atmosphérique les plus fréquemment étudiés et il est directement lié au cancer du poumon.
En nous appuyant sur la distribution de PM2,5 au Canada et sur la relation connue entre la pollution atmosphérique et le cancer du poumon, nous avons découvert qu’environ 7 % des cas de cancer du poumon en 2015 étaient dus à la pollution de l’air extérieur. Cela représente presque 1700 cas de cancer du poumon. Toutefois, ce nombre est quelque peu trompeur parce qu’il indique combien de cas de cancer pourraient être évités si on parvenait à réduire la pollution atmosphérique à zéro.
Nous savons cependant qu’il est impossible d’éliminer complètement l’exposition à la pollution atmosphérique au Canada. Ce que nous pouvons faire, c’est adopter et maintenir des politiques et des initiatives susceptibles de réduire les expositions à la pollution de l’air au pays au cours des prochaines décennies. Des études menées au niveau mondial révèlent que le degré de pollution atmosphérique est parfois bien plus élevé dans d’autres régions du globe, mais notre recherche montre qu’il reste beaucoup à faire pour améliorer la situation ici même. Continuer d’investir dans les transports en commun et dans les technologies de transport écologique pourrait contribuer à réduire notre degré de pollution atmosphérique, tandis qu’apporter des changements en matière d’urbanisme, comme planter des arbres et des haies de façon stratégique ou limiter la circulation dans les centres urbains, et sensibiliser le public pourrait nous aider à réduire les expositions élevées. Si nous réussissons à réduire de 50 % les expositions à la pollution atmosphérique d’ici 2042, nous pourrions prévenir 3700 cas de cancer du poumon au Canada.
Puisque les expositions à la pollution de l’air mettent beaucoup de temps avant de provoquer un cancer, même si nous réduisons celles-ci de moitié au cours des prochaines années, plusieurs décennies seront nécessaires pour commencer à voir les bienfaits de cette réduction. Cependant, même si nous n’en observerons pas les bienfaits tout de suite, nous devons commencer à faire des efforts pour réduire la pollution atmosphérique maintenant.
Priyanka Gogna, M. Sc. (épidémiologie)
Doctorante en épidémiologie de l’Université Queen’s
Équipe travaillant sur l’environnement de l’étude ComPARe