Au moment où j’écris ces lignes, le monde est en plein milieu de la pandémie de COVID-19. Les gens se soucient de la prévention des maladies à un degré jamais vu en un siècle. Le public comprend le besoin de mesures préventives et a pris des moyens extraordinaires pour tenter d’empêcher la propagation de la COVID-19. Nous constatons que la prévention en santé publique fonctionne. Une intervention de santé publique s’impose aussi pour le cancer du pancréas.
L’étude ComPARe nous montre ce que pourrait être le fardeau futur du cancer au Canada et nous éclaire sur les méthodes que nous pouvons utiliser collectivement pour réduire ce fardeau. Comme pour la COVID-19, il faut une approche préventive de santé publique pour diminuer le fardeau du cancer du pancréas, car pour beaucoup de personnes atteintes, il n’existe encore aucun traitement efficace.
Lorsqu’on pense au cancer du pancréas, la prévention ne vient pas naturellement à l’esprit. Cette approche est réservée à d’autres cancers comme le mélanome et le cancer du poumon, pour lesquels des méthodes de prévention claires, tels que l’évitement de la lumière ultraviolette et l’abandon du tabagisme, sont bien connues. Pourtant, les données de l’étude ComPARe révèlent que la modification des facteurs de risque connus pourrait réduire l’incidence du cancer du pancréas de 22 %, et que la diminution peut aller jusqu’à 41 % si les facteurs de risque connus et soupçonnés sont combinés. Pour une maladie comme le cancer du pancréas qui répond peu au traitement, la prévention est une stratégie importante.
Au Canada, le cancer du pancréas est maintenant la troisième cause de mortalité par cancer, bien qu’il soit au douzième rang sur le plan de l’incidence. Nous sommes très loin des taux de survie à cinq ans, nettement meilleurs, observés pour les cancers courants comme ceux du sein et de la prostate (8 % pour le cancer du pancréas contre 88 % et 93 % pour les cancers du sein et de la prostate, respectivement). La prévention de la maladie est toujours importante, mais elle l’est tout particulièrement lorsque les options de traitement sont limitées et inefficaces.
La médecine moderne n’offre tout simplement pas de bonnes solutions pour traiter le cancer du pancréas. C’est pourquoi le taux de survie est si bas. Un cancer du pancréas diagnostiqué au stade 4 est généralement incurable. Même pour un cancer du pancréas diagnostiqué à un stade précoce, qui se traite habituellement par une intervention chirurgicale, la survie médiane est d’à peine plus de deux ans.
En raison de cette absence de traitement efficace et du bas taux de survie, la prévention est d’autant plus importante pour réduire le fardeau du cancer du pancréas. Les facteurs de risque sont connus : tabagisme, consommation d’alcool et excès de poids. Il faut redoubler d’efforts dans la prise en charge de ces facteurs de risque pour s’attaquer à la troisième cause de mortalité par cancer au Canada.
Dr Alex Mathieson, FRCSC
Chirurgie générale et oncologie chirurgicale
Professeur agrégé de chirurgie
Université Memorial